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Écriture / Cuisine

PERFORMANCE-REPAS
Exploration sur la thématique de l'éco-anxiété
Les convives étaient invités à prendre part à une performance-repas composée de deux services et lectures de textes. Les idées et la poésie des textes faisaient écho à l'agencement esthétique, à la texture et au goût des plats.  Les aliments étaient disposés sur la table et chacun était invité à y piger pour composer son repas. Tous discutaient ensemble de leur expérience sensorielle et de leur point de vue sur la thématique.​​​​​​​

Montréal - Juin 2019 
Extraits de textes

« Depuis la Californie, j’ai peur du feu. Depuis Gatineau, peur du vent. Et depuis Ste-Marthe sur le Lac, peur de l’eau. Les éléments, comme des épées de Damoclès au-dessus de nos têtes. Quand est-ce que ça nous arrivera? Est-ce qu’on se fera surprendre? Bang. Du jour au lendemain, comme ça. La maison de mon enfance au bord de la rivière. Inondée. »

« Utiliser nos boules au ventre comme des canons. Soulever le poids de nos poitrines. S’extirper de la torpeur par nos bonheurs. Agir non plus par obligation, mais par plaisir et libération. Vivre en accord avec soi-même et inciter les autres à le faire. Se remplir de richesses et de passions. Se donner la possibilité d’en avoir juste assez. Aimer les citoyens et sa communauté. Soutenir tous ces grands projets qui se créent tout près. Aimer sa famille et ses amis. Être près l’un des autres. S’encourager. Se connaître. Et collaborer. Et si tout ça sonne comme de l’angélisme, voici le déni dans lequel je préfère m’abandonner. »

« Au fond, on a quand même cette intuition qu’il faudra un jour faire le deuil. Mais avant, dans l’instant qui reste, le regard sans filtres et sans fards, on voit enfin la vie dans sa beauté la plus franche. On plonge son visage dans chaque fleur, chaque sapin, comme on enfonce sa face en plein corps de l’amant qu’on sent qu’on va perdre. On inspire tellement fort que son odeur monte de plein fouet au cerveau et s’y imprime à jamais. On enfonce ses doigts profond dans la terre. On empoigne son dos. On prend les arbres à bras-le-corps, on colle son ventre et on serre. On se dilate les pores. Pour absorber tout ce qu’il est. Pour devenir nous aussi, cet être de soleil. On ouvre la bouche. On respire à fond, pour vivre de son air. On s’enveloppe dans l’instant qui est là, comme l’union parfaite des corps nus dans l’eau d’un lac en été. On profite encore de ce qu’il reste d’harmonie sur terre. On y trouve refuge, comme on repose en sécurité dans les bras de cet amant qu’on sent qu’on va perdre. »
Écriture et conception : Anaëlle Lacoste
Design culinaire et conception : Léa Plissonneau


Crédit photo : Léa Plissonneau et Victor Van Peene
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